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La Fanfiction

Le texte qui raconterait la suite de Titanic : quelle vie menait Rose, sauvées des eaux, seule en Amérique, avant qu’elle ne devienne la vieille dame que l’on voit dans le film ?

Voilà une idée de fanfiction. Mais ça peut tout aussi bien se faire en vidéo, en audio (Audiofic ou Podfic en anglais), en dessins (fanzines, dôjinshi…) ou n’importe quel autre medium racontant une histoire imaginée par un fan.  La vie privée d’une star de cinéma, un épisode revisité de la brigade des Tigres (série T.V), un prequel d’Harry Potter (film), une histoire plongée dans l’univers d‘un jeu vidéo, d’une BD, ou le personnage d’un roman projeté dans un autre roman : la fanfiction c’est laisser sa fanitude s’exprimer !

 

Une suite, un événement raconté d’un autre point de vu, une scène modifiée par rapport à l’histoire originale (le film Gravity avec des spationautes chinois ), une histoire déformée, réduite, dilatée ou carrément inventée.

 

 

Bon finalement c'est quoi la fanfiction ? Pour moi c'est une production (écrite, filmée, audio, animée, dessinée…) faite par un fan sur la base d’un univers (fictionnel ou non) préexistant .

Mais pourquoi le fan s'embêterait-il à retravailler sur une histoire qui existe déjà ? Et oui, il semble que le cœur du fan a ses raisons que la raison ignore... mais une des raisons qui pourrait expliquer un tel investissement c'est que le fan est un in-sa-tis-fait. Il trouvera sa catharsis en l'art de la fanfiction. Comme il ne s'agit pas d'un légume béat, se contentant d'applaudir quelque soit ce que l'oeuvre originale lui propose, il reprend le contrôle d'un monde duquel il n'était que le spectateur.  

La "fanfic", pour les intimes, n'est pas toujours le fruit de frustrations. Cela peut être une manière de rendre hommage à l’auteur/l’œuvre, de partager sa passion, de profaner un ouvrage sans que l'original ne soit entaché, se permettre tout (tuer ou faire tabasser un personnage qu'on aime pas mais que tout le monde adore, se faire s'aimer deux antagonistes...), pourquoi pas poursuivre une saga qui se serait arrêtée trop tôt et cætera…

C’est ça que j’aime avec la fanfiction, il n’y a pas de limite ! Seulement celles que l'on s'impose !

Et pourquoi pas la fanfiction d’une fanfiction ? Il s'agirait d'un récit fictionnel de fan basé sur un récit fictionnel de fan qui se base sur une vraie oeuvre. Je ne suis pas sûre d'avoir été claire. Mais pour illustrer voici quelques exemples car oui! la fanfic de fanfic ça existe !

Prenons 50 nuances de Grey; Il s'agit d'une fanfic de Twilight à l'origine. Comprenez donc que les fanfictions sur 50 Shades of Grey sont des fanfictions d'une oeuvre qui elle-même est une fanfic à l'origine. En plus d'être une mise en abyme par excellence, l'oeuvre de E.L James est devenue un best seller international. 

 

Parmi les millions de FanFictions (FF), certaines ont rencontré un succès global en librairie ou en ligne.

Alter, fanfic américaine basée sur le groupe OneDirection.

Harry Potter et l’enfant maudit (fanfiction ultime reprenant l'œuvre originale pour la mettre en scène au théâtre ; chapeau à ses co-auteurs Jack Thorne et Jonh Tiffany)

 

 

 

 

 

Certaines FF engendrent des millions de vues, parmi elles seules quelques élues génèrent des millions de dollars de recettes avec des millions de lecteurs et des millions de fans. Je n’aurais pas la prétention de savoir comment expliquer ces succès... mais en fait si, un peu ;p enfin je vais donner mon avis.

 

 

 

La fanfiction a potentiellement un pouvoir de séduction aussi puissant que l’œuvre originale car elle parle à un public de fans bien précis, déjà conquis par l’œuvre de départ. Non seulement l'univers fictionnel est préétabli (donc pas besoin d'inventer de zéro une histoire) mais en plus il y a un  public déjà épris par l'oeuvre. C’est donc avec un set pré-chauffé que le fan-écrivain se lance. La FF serait-elle le pré-chauffé de l'art? S'agit-il d'une écriture fast-food (pack de perso et d'intrigues déjà imaginé pour vous, plus qu'à réchauffer et à servir).A-t-on à faire à un sous-art pour ceux qui n'aurait pas le talent de créer ex-nihilo?

S'il choisit le menu populaire "Harry Potter" ou la formule "Naruto", le fan-écrivain peut être sûr qu'il réussira son coup auprès de la fan-base. Mais cela est-il si sûr ???? L'exercice de la fanfiction est-il si simple ? Nous y reviendrons.


Même si la FF s’adresse principalement aux fans en quête de ce genre de littérature,

des « non fans » ou des « très peu fans » peuvent aussi bien adhérer à la fanfiction ; sans connaître l’histoire dont la FF s’inspire ou sans particulièrement apprécier cette œuvre de départ. La FF peut conquérir le lecteur profane et gagne ainsi le cœur d'un public bien plus large que celui de l’œuvre de départ. Des millions de gens ont lu 50 nuances de Grey, qui est une fanfiction de Twilight rappelons- le ! Et parmi eux, certains n'ont jamais lu une ligne de la saga Twilight. La fanfiction a dépassé les bornes, elle est allée plus loin que l’œuvre d’origine, son public ne se limite plus aux fans de Twilight mais aussi à la mama lambda de 40 ans dans le train (histoire véridique, je ne suis pas là seule à avoir croisé des lecteurs/trices de 50NDG dans les transports en commun, j'en suis certaine).

 

 

Atteindre un autre public que les fans, c’est avec ce genre de chemins-là que la fanfiction se dépasse. L’opération n’est pas évidente car au départ les consommateurs de FF sont normalement les fans. Comment atteindre un public autre que les "fana" ? Le talent, l’argent, le réseau ? le bon timing ? la chance ? Telle est la question.

 


Toujours est-il que la FF plait aussi bien grâce à son lien avec une oeuvre d’origine mais également par sa capacité à s’en éloigner pour devenir un texte original à part entière.

Finalement il faut peu de choses pour produire une FF (je parle là des versions écrites du coup et pas des travaux des vidéastes, audio ou autre). Un papier et un crayon… Ok, un clavier et un écran. Un peu d’astuce, d’espièglerie… J’arrête. Un peu d’imagination et un amour fou pour une histoire originale. Et c’est là qu’on écrit.

Sur internet on voit des milliers de millions de FF (chiffre non vérifié ;p ). Est-ce que internet a révélé cet engouement pour la fanfic? Le WWW a-t-il reflété ce qui existait déjà ? Ou est-ce grâce à internet que des tas de fans ont découvert la fanfiction et se sont joints à cette fabuleuse confrérie ? Internet a-t-il provoqué la démultiplication des fan-écrivains ou y aurait-il eu de toute façon autant de FF sans internet ? Je n'ai pas la réponse mais j'attends les vôtres en barre de commentaire. Mais en tout cas on ne peut nier la déferlante de ces écrits de fans sur la toile d’araignée !

 

Cette déferlante suscite les vocations (produire une FF) et attise la curiosité de lecteurs (lire une FF). C’est la fameuse dichotomie entre l’offre et la demande : êtes-vous plutôt friedmanien ou keynésien ?

 L’offre de FF suscite la demande ou la demande de FF en provoque sa production ? L’œuf était-il là avant la poule ou la poule avant l’œuf ?

La démocratisation du Word Wide Web a permis à ces productions de s’afficher dans les blogs, de se partager sur les réseaux sociaux et forums et de s’indexer dans des sites exclusivement dédiés à cette littérature.

 

Voilà pour moi.

 

Méthodologie

La fanfiction devrait-elle être nécessairement écrite par un fan pour des fans ? Il n'y a bien entendu  pas de règle écrite sur le sujet mais ce serait comme si quelqu'un qui ne connaissait rien aux échecs se rendait à une compétition. Pourquoi, en n'y connaissant rien, irait-on observer pendant des heures un jeu dont on ne comprend pas les règles ? C'est la même logique avec la fanfic. Elle est bien souvent créée par des fans pour des fans qui sont à la recherche de cette manne. Alors que les « non-fans » n'auraient jamais à l'idée de consommer et encore moins de créer de la FF.

 

Mais Ô « non-fans »,  venez ! Lisez des FF ! Et pourquoi pas même tomber d'abord sous le charme d'une fanfic, pour ensuite aller vers l’œuvre originale ?

 

Bref, la méthodologie de la Fanfic est d'une simplicité empreinte de subtilités bien difficiles à manier. Je m'explique. J'aime à répéter que dans la FF il n'y a pas de limite. Mais ce n'est pas totalement vrai.

 

La FF, après tout, c'est déborder d'un cadre déjà défini tout en en respectant plus ou moins les rainures. C'est-à-dire qu'on sort du cadre de l’histoire de départ tout en le gardant dans le viseur. Alors comment respecter les limites d'un univers qu'on veut transcender ? Et là on s'aperçoit que

l’exercice de la FF demande un équilibre mesuré entre fiction et fiction de la fiction. Ce n'est pas toujours une espèce de délire complètement hors cadre. Et même les fanfics les plus loufoques

sont capables de faire preuve d'une fidélité touchante envers l’œuvre de départ ; A tel point, qu'à mon sens, même si le fanfiqueur                                                                                                               est parti très loin dans la divagation, s'il                                                                                                               joue suffisamment sur les clins-d’œil en lien                                                                                                          avec l’œuvre d'origine, à tel point                                                                                                                   qu'on en reconnait parfaitement l'ADN,                                                                                                             pour moi c'est gagné.

Il faut connaître en pro                                                                                                              fondeur l'univers-modèle pour trouver ce                                                                                                             que j'appellerais: « les points de frustration » ou « d'accroche ». Par exemple, j'ai été une fan de Hunter X Hunter, un manga shônen des années 90-00  (toujours en cours). J'adorais un des personnages principaux (mais pas le héro), Kurapika, il n'était pas assez mis en  avant, à mon gout. J'étais frustrée. J'en  voulais plus. Kurapika m'avait accrochée. Frustration ? Accroche ? Voilà mon point de départ.

Je décide donc, à partir de ce point de frustration, d'écrire des aventures avec Kurapika au centre de l'intrigue. Bien sûr, en tant que fan, je ne me vois pas faire de Kurapika un connard, arrogant et vantard sans aucune justification dans le scénario. Car dans le manga c'est un jeune garçon puissant, calme, plein de sagesse et de bonté (même s’il est motivé par sa vengeance). Voilà où je vais placer mes limites avec ma sensibilité de fan. Alors que d'autres ne verrait pas de mal à franchir cette limite, voire ne la considéreraient même pas comme un sacrilège . Ils exploreraient avec aisance un monde parallèle où Kurapika se révélerait être un salaud.

C'est là que je trouve la FF sans limite. Des barrières que toi tu ne voudrais pas dépasser, un autre n'hésitera pas à le faire. Les barrières sont repoussées de manière collective, à plusieurs on surmonte beaucoup plus d'obstacles, c'est une libération participative, chacun y met du sien. 

Changer l’identité d’un perso – faire un agent double de quelqu’un normalement très loyal, changer la tournure d’un événement – faire capoter un retour dans le présent dans un voyage dans le temps, changer une relation …

Cette libération est à double tranchant car les limites franchies peuvent plaire voir fortement déplaire au lectorat particulier que sont les fans. Certains trouveront inconcevable qu'Archie se mette finalement en couple avec l'une des deux filles, Veronica ou Betty. Car le running gag qu'on retrouve à chaque épisode de la série est au cœur de la relation en triangle qu'ils forment : l'indifférence/l'ignorance d'Archie et la jalousie des deux lycéennes, qui se disputent constamment les faveurs du jeune rouquin. Pour certains, cela fait intrinsèquement partie de l'identité de la série, l'essence à laquelle il ne faudrait pas toucher même dans une FF, justement pour en conserver l'ambiance.

Et c’est effectivement en conservant l'essence de la série que l’on va pouvoir qualifier la FF comme étant inspirée d'Archie et compagnie et pas d’une autre oeuvre. Archie & Co ce n'est pas uniquement des prénoms de personnages mais c'est aussi les liens qui les unissent, leurs personnalités, leur passé etc. La FF et l’œuvre d'origine sont intimement liées. Car écrire un texte lambda sur UN Achie aimant UNE Veronica ne comble pas les attentes du fan qui s'attend à voir LE Archie avec LA Véronica de Archie & Co.

 

La fanfiction demande un travail de fond. 1) Connaître sur le bout des doigts l’œuvre de départ pour en manipuler ses mondes, en faire un développement intéressant et éviter les incohérences. 2) Choisir un/des point(s) d'accroche/de frustration que l'on souhaite exploiter tout en gardant une once de l'identité de l’œuvre originale. Et là, les sensibilités de fans sont variables. Bien que les fans soient déjà conquis par l'oeuvre d'origine, rien ne garantit qu'ils adhèrent aux limites franchies dans ta fanfic. Les baisers langoureux de Squeezie/Maxenss ou encore ceux de Edward/Alphonse Ulrich hérissent le poil de plus d'un fan. Le fameux set préchauffé d'une histoire qui assure le succès ne fonctionne plus. Je dirais même que, contrairement à un lecteur qui découvrirait de A à Z une oeuvre originale avec la candeur et la soif de découverte, le fan connaît déjà l'histoire, il a déjà une affection bien particulière (pour le niveau d'écriture de l'auteur, les personnages ,leur relation, leur personnalité etc) et des attentes précises. Sous certains aspects, il sera bien plus difficile de plaire avec une fanfiction qu'avec une oeuvre nouvelle.

Et voilà ! Plus qu'à poser les grandes lignes du scénario, le rédiger et pourquoi pas le publier, le partager, lui créer une suite, s’amuser !

Publier/Lire une FF

La « fanfic », on l’a vu, permet d’assouvir ses fantasmes en lisant ou en écrivant soi-même les scènes que ce con****-génialement-adorable d’auteur n’aura pas eu la décence d’intégrer à l’œuvre originale. Encore une fois le fan fait tout le boulot ! Et c’est bibi qui va devoir écrire le fait que - Attention spoil de « Mononoké hime » - Princesse Mononoké et Prince Ashitaka finissent ensemble et se font plein de bisous partout au lieu de ne rester que « voisins » l’un dans la forêt, l’autre dans la forge. Oui je sais que cette fin ne tient pas la route compte tenu du conte fantastique que nous livre Miyasaki mais bon quand même boubouhouhou.

Si vous souhaitez rendre hommage, parodier ou encore vous venger de ces saletés de sacré bons auteurs en saccageant dans de sublimes écrits leurs œuvres,  voici quelques sites qui pourraient vous intéresser.

 

Lecteurs, vous aussi, perdez-vous dans la liste ci-dessous.

https://www.deviantart.com/literature/fanfiction/

 www.fanfictions.fr

http://www.fyctia.com/register/ 

https://www.fictionpress.com/

https://www.wattpad.com/stories/fanfiction

http://archiveofourown.org/

http://www.asianfanfics.com/

http://ficwad.com/

http://archive.org/search.php?query=fan%20fiction

http://fr.feedbooks.com/userbooks/top?category=FBFNF000000&lang=en&range=week

https://www.goodreads.com/story/tag/fanfiction

http://www.livejournal.com/vertical/fandom?view=recent_posts

http://www.sanctuaryfiction.net/

https://www.mediaminer.org/

https://www.fanfic-fr.net/

Voilà pour moi.

 

 

héro, qu'en as-tu pensé? Partage ton point de vue. Participe à cette libération collective !

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