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La température change subrepticement - Chap 1

Auteur : Rolu

Elle s’élève, comme le soleil à l’Orient. Je crois que c’est le matin. Alors il se met à chanter. Et les autres s’étirent. On sort tous ensemble des limbes. On reste un petit moment côte à côte avant de se lever. J’aime bien son chant à lui. Il est réconfortant et revigorant. C’est comme s’il naissait tous les jours, comme s’il poussait son premier cri tous les matins. Sa fraîcheur authentique me donnait parfois des idées avec lui, mais ce n’était pas l’heure de s’épancher sur ces envies.

………..

 

Je n’aime pas faire comme les autres. Ils mangent, ils boivent et ils chient. Moi, j’aime séparer mes tâches. Sûrement des réminiscences de mon ancienne vie. Alors, parfois je m’isole et ils ne m’en tiennent jamais rigueur. Ils vaquent à leurs propres occupations et, quand je reviens les voir, ils ne sont pas surpris par ma présence, ils ne me reprochent pas de les snober. Je suis simplement parmi eux mais pas tout le temps. Parmi les jeunes, parmi les malades, parmi les plus gras, parmi les plus frêles. Je peux chicaner avec certains, buller au soleil avec d’autres et avoir certaines envies en regardant la prestance de mes favoris. Mais ce n’est pas l’heure de s’épancher sur ces envies.

 

Je n’aime pas faire comme les autres mais j’adore les autres. On partage les repas. Ce sera au premier qui aura repéré la plus juteuse des parts ou le plus gros morceau. Tout se fait en entier. On chante à gorge déployée quand l’envie nous prend, on gobe goulûment nos repas, on se bat viscéralement, on s’endort comme des masses.

 

Un jour, on se balada tous ensemble loin de la maison et, comme à mon habitude, je m’éloignai du groupe. Sans surprise, je les perdis de vue. Mais la situation s’éternisa. Ça s’était fait dans le silence et sans que je ne me rende compte de rien. On était dans la plaine, il y avait quelques buissons et feuillages, rien de bien étouffant mais, toujours est-il que les bosquets eurent raison de moi. Tous les autres avaient soudainement disparu. Je marchais longtemps à leur recherche mais je m’enfonçais encore plus dans des paysages que je ne reconnaissais plus. La température chuta comme le soleil qui s’affalait lentement à l’occident. Je grimpai dans un arbre pour me protéger des menaces éventuelles et dormais tout mon soul, toute la nuit.

 

Le lendemain matin fut l’un des plus moroses depuis mon arrivée. Comme je me retrouvais seule, il n’y avait pas le chant du matin. Il n’y avait pas non plus les étirements de mes voisins de couchage. Ils me manquaient tous. Mais finalement je trouvai un repas frugal dans le bois. J’étais revigorée facilement. C’est ce que j’aimais avec ma nouvelle vie. Mes nouveaux besoins étaient simples, mon bonheur l’était tout autant. Je trouverais bien de quoi faire. Alors, pareil que la vieille, je marchais, je bullais au soleil, je scrutais le sol à la recherche de messages et de dessins que la nature et mon imagination, de concert, préméditaient.

 

Une gigantesque bâtisse pointa le bout de ses toitures à la lisière du bois. Je n’en avais jamais vu une d’aussi grande. Ou peut-être que si, sous une autre perspective. A vrai dire, depuis que j’étais arrivée dans le petit groupe, je ne m’étais jamais aventurée si loin. C’était la première fois que j’expérimentais quelque chose d’autre à moi toute seule. Une forte odeur émanait du lieu. Rien qu’avec l’odeur on devinait la population qui devait s’agiter à l’intérieur. Ce n’était pas l’écho mais bien les voix de chaque individu qui percutait contre mes oreillons. Combien étaient-ils ? Assurément très nombreux. Je passai dans une ouverture fortuite du grillage et franchis l’innommable.

 

Fin du début…. Héro, quelle est la suite ?

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